Papa de deux petites demoiselles et ancien joueur de tennis, j'ai été naturellement attiré par le visionnage du film "La Méthode Williams". Il raconte l'histoire de Vénus et Séréna Williams, et de leur papa (joué par Will Smith).
Je m'étais souvent demandé comment c'était possible que 2 sœurs arrivent toutes les deux à un tel niveau d'excellence dans un même domaine.
On a déjà vu, notamment au foot, des fratries arriver à côtoyer ensemble le haut niveau (cf actuellement par exemple les frères Hernandez).
Mais dans un sport individuel, je n'ai jamais vu 2 sœurs atteindre l'une après l'autre à devenir numéro 1 mondial (et y rester un bout de temps). Ça me paraît incroyable.
Et du coup, j'ai voulu essayer de comprendre.
Ce qui frappe, c'est qu'on voit très vite que, dans la tête de leur papa, tout était "prévu".
Pas un objectif, mais un plan
Le premier truc que j'ai retenu c'est ce qui est marqué sur l'affiche.
Dès leur naissance, leur papa avait un plan..
Il savait où il voulait emmener ses deux filles, et surtout comment y arriver. Et ce "comment", a fait toute la différence.
Une exécution exemplaire du plan
Le plan ne consistait pas juste à "faire taper la balle encore et encore à ses filles".
Le plan commençait par l'impliquer lui, l'initiateur du plan.
Avant de demander des choses à ses filles, il a décidé de monter lui en compétences. En lisant, en regardant des matchs, en s'immergeant dans le sujet.
Histoire d'être crédible et rassurant mais surtout aussi de montrer l'exemple sur l'investissement en temps et en passion qu'il fallait avoir pour réussir.
Puis, il a emmené ces filles avec lui sur le chemin qu'il avait commencé à défricher
en les rassurant (car il avait un plan dont il ne doutait pas)
en leur donnant confiance
en mettant le plaisir au centre (c'est frappant d'ailleurs quand on les voit en photo plus grandes, au sommet de leur gloire, on sent qu'elles prennent du plaisir)
en les protégeant de la pression (pas tournoi junior par exemple 🙂 )
J'ai trouvé le comportement du père plein d'enseignements
la résilience, il n'abandonne pas quand tout le monde lui rit au nez sur son plan
la patience, pour ne pas les cramer trop vite quand elles commençaient à être connues
le courage, quand les épreuves difficiles se sont présentées
la remise en question, quand il a fallu par exemple trouver un autre entraîneur que lui
Quand la petite sœur dépasse la grande
Dans le film, on comprend aussi pourquoi Séréna (23 titres du grand chelem) est au final devenu plus forte que sa sœur Venus (7 titres du grand chelem).
Séréna s'est construite dans l'ombre de sa soeur. Avec moins de moyens. Elle a dû se débrouiller souvent seule (jouer contre le mur, s'inscrire elle-même à des tournois). Et surtout, je pense qu'elle avait un objectif : montrer qu'elle était aussi bien, forte que sa sœur.
Ce besoin de reconnaissance de la plus petite est pour moi au cœur de nombreux de comportements que l'on peut observer dans des familles (j'en parle un peu ici).
Je trouve que bien souvent la petite dernière est plus débrouillarde, plus précoce, voir aussi plus casse coul.
Cela s'explique car pour moi, la benjamine ressent davantage besoin de prouver qu'elle existe, qu'elle est importante. Ça me paraît logique, car là où les 2 parents étaient totalement focus sur un enfant, la quantité disponible de leur attention est divisée par deux à l'arrivée d'un second enfant. Particulièrement quand les âges sont rapprochés.
Sur le même surjet, j'ai souvent pensé aussi au "recyclage des habits". Quand on a deux filles par exemple, c'est assez confortable de filer les affaires / jouets trop petits à la petite sœur. C'est bien pour la planète et le porte-monnaie, mais moins pour le besoin de reconnaissance de la petite dernière je crois.
En tout cas, le fait que Séréna devienne plus forte que sa sœur, c'était aussi dans le plan.
