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La coopération plutôt que la compétition

  • Régis Bacher
  • il y a 21 heures
  • 4 min de lecture

Dans le cadre de ma mission dans l'association Initiatives Durables, j'ai eu le privilège d'assister le 15 octobre à Paris au colloque InsTerCoop, 10 ans d'action-recherche sur la coopération.


J'écris "privilège" car ce que j'ai avant tout ressenti durant cette après-midi, c'était de la gratitude. Je me suis senti chanceux de voir Anne et Patrick Beauvillard, les fondateurs de ce programme de recherche, sur scène pour la première fois (pour moi), et la dernière fois (pour eux, car ils profitent désormais d'une retraite bien méritée).


Au-delà de leur intervention introductive extrêmement riche et nourrissante, j'ai trouvé l'ensemble des intervenants très inspirants. Avec un +++ pour Laurent Bibard, professeur de philosophie et de gestion à l'Essec, qui était le monsieur "inspiration" de l'après-midi.


Bref, j'ai entendu beaucoup de belles choses durant cette après-midi et j'ai eu envie de les écrire. Pour les partager mais aussi pour faire atterrir et ancrer tout cela en moi.


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C'est celui qui fait qui sait


La première notion que j'ai trouvée intéressante c'est le centrage sur l'expérimentation par le réel. Ça paraît tellement évident, mais c'est intéressant de le rappeler : on apprend en expérimentant. Et pour y arriver ça nécessite notamment

  • d'accepter l'imprévu et prendre ce qui nous est donné à vivre

  • de saisir l'implicite de certaines situations

  • d'accepter l'idée qu'on n'est pas que des cerveaux sur pattes et que la compréhension humaine est plus large

  • de savoir partager ses doutes et ses vulnérabilités


Ce dernier point est intéressant.

Se connaître est un préalable à se faire confiance.

Et se faire confiance est un préalable à coopérer.

Et pour se connaître (vraiment), il faut avoir le courage de se dévoiler (vraiment).


[Ca m'a d'ailleurs rappelé un des trucs que j'avais retenu du livre "Sapiens, une brève histoire de l'humanité". Nos ancêtres singes fonctionnaient en petits groupes de maximum 50-100 individus. Car c'était la taille jusqu'à laquelle tout le monde pouvait se connaître, se faire confiance et coopérer efficacement. Puis nous les humains, pour coopérer à plus grande échelle on a inventé les récits (la religion, le capitalisme, l'argent etc...)]


Ce qui m'attire dans cette notion de coopération, c'est que par essence, la coopération c'est entre des personnes. La ou la collaboration adresse plus les "rôles de chacun". Il y a je crois une différence à travailler avec "l'Animateur du Club EFC" ou avec "Régis".



Coopérer c'est être co-auteur d'une oeuvre commune


C'est d'ailleurs étymologiquement l'origine du mot (en latin "opera" et le pluriel de "opus" qui signifie "oeuvre")


J'ai découvert que coopérer est différent de consulter, participer, mutualiser, concerter et surtout différent de collaborer :

  • la collaboration : se partager des tâches

  • la coopération : être co-auteur d'un tout, travailler avec, résoudre les problèmes ensemble


Coopérer implique de développer une relation à soi et çà l'autrre bien différente de celle qui prévaut dans le modèle social dominant structuré par les modèle de la compétition et de la concurrence.


J'ai également mesuré à quel point, au vu de nos habitudes de travail et de gestion de projet, il est compliqué de basculer vers un vrai processus de coopération.

 

Une des pistes qu'a cité Patrick Beauvillard pour y arriver c'est de "passer d'une logique de travail et de tâche à une logique d'oeuvre. D'une logique d'acteur à une logique d'auteur. D'un plan à une boussole. D'une ingénierie de projet à une ingénierie de processus". Moi qui m'étais fait une spécialité en "gestion de projet", ça me chahute forcément un peu les neurones.


Mais le jeu en vaut la chandelle.

Les organisations qui savent réellement coopérer sont des endroits

  • apprenants

  • avec un leadership réellement partagé

  • dans lesquelles les doutes et les vulnérabilités trouvent leur place

  • où peuvent vivre les désaccords, les contradictions et où on cherche l'équilibre

  • avec une forte capacité de résistance

  • non violente (la violence arrive quand une personne a l'impression de ne pas avoir sa place, pas être entendu)


Tout celà donne des organisations surtout très porteuse de sens et d'épanouissement pour les gens qui en font partie. Et donc de bien être au travail.


Pas de coopération sans compréhension humaine


Comme cette après-midi, on a également beaucoup interrogé le pourquoi ?

De différentes manières.

En questionnant au service de quoi je suis ?

En interrogeant le besoin réel derrière la demande ?

En remettant en question le solutionnisme (c'est pas parce que vous avez un marteau que tous vos problèmes doivent ressembler à des clous).


Ça m'a fait beaucoup de ponts avec Simon Sinek (dont ceux qui me lisent souvent savent que je suis fan).


Le cadre de la coopération permet ça : suffisamment de confiance pour échanger vraiment et poser les vraies questions. Assez secure pour creuser et percevoir l'autre dans sa complexité. Saisir l'implicite.

Et donc se connecter vraiment et trouver ensemble les vraies solutions.



Et quelques phrases en vrac qui résonnent pour moi


Quel avantage avez-vous à ne rien faire...et quel inconvénient y a t il à réussir ?

 


Le temps, c'est toujours lié au désir des autres, car on veut satisfaire toutes les attentes.

La réflexivité c'est prendre le temps de perdre du temps en prenant du recul, en débriefant les choses. Et donc en apprenant des choses et qui nous redonneront du temps.

 

Un vrai leader, c'est celui qui sait se retirer, sur le postulat de la confiance que les autres savent faire.

 

On gagne à prendre conscience des petites choses qu'on fait, même si elles sont dans l'implicite.
On collabore pour faire, on coopère pour apprendre

C'est compliqué de répondre à des questions non posées.

 


 


 


 
 
 

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